Le mot du Maire

 Pour commencer 2023, voici un avant-après de l’entrée du village, le bien nommé quartier de la Peyrade, d’abord peint par Albert Regagnon puis photographié bien des années plus tard.

Une peyrade, amas de pierres ou chemin de pierres, pierres dont on peut imaginer le grondement lorsqu’elles étaient roulées par un Salat impétueux, énergique, rocailleux comme notre patois et gavé d’eau par des glaciers généreux, aujourd’hui hélas disparus.

La Peyrade, entrée du Couserans et porte des Pyrénées qui s’ouvre sur ces montagnes légitimant notre affiliation à ce territoire et nourrissant notre imaginaire grâce à ce panorama offert au quotidien.

Ces monts qui ont inspiré poètes et peintres ne seront pas pour une fois au centre du débat.

Le sujet ne sera pas issu des pierres de la Peyrade citée plus haut, pour cette fois-ci, mais plutôt dans la peinture de ce cher Albert Regagnon, auteur du tableau précité, neveu et cousin d’une lignée d’artistes couserannais productifs.

A cette époque, le patrimoine pictural de notre pays était riche et foisonnant d’artistes, notre terre où la nature exultait sans contrainte ni pollutions diverses ni maltraitances défigurantes, inspirait une myriade de «barbouilleurs de génie, petits maîtres oubliés de grande critique parisienne».

Albert était un des meilleurs, c’est mon avis en toute subjectivité, bon dessinateur, naturaliste à l’oeil acéré, il figeait l’instant.

L’homme faisait passer naturellement dans ses oeuvres une émotion poétique pleine de sensibilité, il sublimait les scènes villageoises que le commun et la banalité rendaient invisibles aux yeux de la plupart d’entre tous.

L’homme était le peintre de la lumière, de l’instant. Il avait l’autorité de capturer une image, fusse un moment de canicule sous les peupliers de « Bagen » ou les mille reflets de la rivière à Sentaraille.

A représenter de cette manière ce lieu, cet endroit, ces gens, il est évident que c’est l’amour de sa terre et de son berceau qui dictaient et dirigeaient ses pinceaux et que ce sentiment était aussi essentiel que ses qualités d’artiste des beaux-arts étudiés à la faculté.

Forcément, il était l’intime et le confident de Lorp-Sentaraille. Il réussit divinement à nous faire traverser le miroir et comme beaucoup d’entre nous ne connaissent pas ce peintre, ce fut presqu’une évidence de choisir ce tableau et de partager avec vous tous.

Pourquoi avoir évoqué un artiste, soit-il local, dans ce bulletin de fin 2022 ?

Ce n’est pas parce que les sujets manquent ou que les idées se raréfient mais tout d’abord, il m’est plus agréable de discuter de choses sympathiques et les mauvaises nouvelles émaillent malheureusement notre quotidien tout au long de l’année.

Mais la magie de Noël a opéré et dernièrement, après plusieurs démarches et tractations diverses, la commune vient d’accepter un legs d’environ 50 toiles du peintre Albert Regagnon qui seront exposées en permanence pour le plaisir et l’enseignement de tous dans divers points de notre commune.

Un vernissage sera prévu avec la participation de tous et je vous dévoilerai le nom du donateur de ce fonds extraordinaire.

C’est sur cette note un peu inhabituelle et colorée que je vous souhaite avec mes collègues élus et les personnels de la mairie une bonne lecture de ce bulletin papier dont nous promettons la fin chaque année.

Vous me pardonnerez, je l’espère, cette promesse non tenue, en tout cas, meilleurs voeux de santé et de réussite à toutes et à tous.